- CRYPTAGE
- CRYPTAGECRYPTAGELe cryptage est l’art de coder un message de façon à le rendre incompréhensible sauf pour son destinataire. Servant à la communication secrète entre individus, le cryptage a longtemps été le domaine des militaires, et l’on connaît l’avantage énorme acquis par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale lorsqu’une équipe de chercheurs britanniques réussit à percer le secret de la machine Enigma utilisée par l’armée allemande pour coder ses communications.L’accroissement considérable des moyens de communication et leur utilisation massive ont rendu les informations de plus en plus vulnérables à l’intrusion d’individus à la recherche de renseignements tenus secrets pour toutes sortes de raisons (informations financières et boursières, scientifiques et industrielles, militaires et politiques, etc.) et ont fait de la protection du secret de la communication un problème majeur. C’est pour cette raison que le cryptage, sans quitter le domaine militaire (dont les recherches restent secrètes), est devenu, depuis les années 1970, un domaine de recherche public très actif.Tout système de cryptage est composé d’un algorithme de codage plus ou moins compliqué utilisant ou non une ou plusieurs clés de sécurité et il est, en principe, conçu de manière à être inviolable. En fait, un code peut être «cassé» soit par la technique d’essai et erreur en se laissant guider par certaines caractéristiques du message codé, soit en tentant de retrouver l’algorithme et/ou les clés utilisés pour le codage. Pour casser un code, un très grand nombre de tentatives doivent être effectuées et, depuis l’utilisation d’ordinateurs par les casseurs de code, on peut dire qu’aucun code n’est inviolable, sauf à nécessiter un nombre de tentatives tel que le plus puissant des ordinateurs mettrait plusieurs centaines ou plusieurs milliers d’années à les réaliser.Les deux codes le plus utilisés dans les années 1990, car considérés comme pratiquement inviolables, sont le DES (data encryption standard ), développé en 1977 par I.B.M. et approuvé par le National Bureau of Standards des États-Unis pour son utilisation par l’administration américaine, et le RSA (d’après Rivest, Shamir et Adleman, les auteurs du code), qui est de plus en plus employé car le codage se fait à l’aide d’une clé publique tandis que le décodage se fait par une clé connue du seul destinataire du message codé.Le DES comporte une clé secrète de 64 bits utilisée conjointement avec un algorithme de codage qui est public. Le texte du message, supposé codé en binaire, est divisé en blocs de 64 bits. Chaque bloc de 64 bits est transformé en un autre bloc de 64 bits par une suite complexe de seize opérations, et on obtient le message codé en assemblant les divers blocs de 64 bits. Chaque utilisateur choisit sa propre clé, mais il doit, pour permettre le décodage, communiquer celle-ci aux divers destinataires de ses messages; là réside le point faible du DES, car un secret partagé par plusieurs personnes n’est plus un secret. À cette faiblesse près, le DES est un code pratiquement inviolable: on a calculé que pour casser ce code il faudrait un temps de l’ordre de deux mille ans sur le plus puissant des ordinateurs du milieu des années 1990.Le RSA comporte un algorithme de codage et deux clés, dont l’une (qui sert au codage) est publique, c’est-à-dire qu’elle est à disposition (par exemple sous forme d’annuaire) de toute personne voulant envoyer un message au propriétaire de cette clé, et l’autre (qui sert au décodage), secrète, connue du seul destinataire. Le RSA permet aussi ce qu’on appelle la signature électronique, c’est-à-dire une méthode d’authentification de l’expéditeur du message. Pour ce faire, le détenteur de la clé secrète code son message avec sa clé, et le destinataire ne peut décoder le message avec la clé publique de l’expéditeur que si celle-ci correspond bien à la clé secrète de ce dernier (on imagine l’importance de l’authentification de l’expéditeur d’un message chez les militaires ou les banquiers). En plus du fait que la clé de décodage est vraiment secrète, la recherche de la clé secrète à partir d’un message codé et de la clé publique revient au problème mathématique de la décomposition en facteurs premiers d’un nombre entier formé d’une centaine de chiffres, problème dont on sait qu’il nécessite des calculs tellement longs que pour casser un tel code il faudrait des milliers d’années au plus puissant des ordinateurs connus.Le cryptage des messages est devenu un problème légal, voire un problème de société. Aux États-Unis, la National Security Agency a demandé (sans succès) au gouvernement fédéral d’interdire les publications scientifiques sur les méthodes de codage ainsi que l’invitation de chercheurs étrangers aux réunions scientifiques portant sur ce sujet, arguant du fait que le cryptage relevait du domaine stratégique. La C.I.A., de son côté, a demandé qu’il soit interdit à toute personne privée de crypter les messages circulant sur les lignes téléphoniques sous prétexte que, pour des raisons de défense nationale, il pouvait être nécessaire pour l’Agence de procéder à des écoutes téléphoniques. Enfin, le Pentagone a obtenu que soit interdite l’exportation des logiciels de DES.En France, la situation n’est guère différente car, bien que beaucoup l’ignorent, il existe un texte de loi qui non seulement interdit à toute personne privée ou publique, sauf autorisation expresse des autorités compétentes, de crypter quelque information que ce soit, mais qui interdit également la diffusion, payante ou gratuite, des algorithmes de cryptage.• 1981; de crypter♦ Opération par laquelle un message est rendu inintelligible à quiconque ne pssoède pas la clé permettant de retrouver la forme initiale. ⇒ chiffrage, chiffrement. Algorithme, logiciel de cryptage. ⊗ CONTR. Décryptage.cryptagen. m. Action de crypter; son résultat.cryptage [kʀiptaʒ] n. m.ÉTYM. V. 1980; de crypter.❖♦ Inform. Moyen par lequel un message est rendu inintelligible lors de sa transmission depuis l'ordinateur jusqu'au terminal, à tout intercepteur qui ne dispose pas du décodeur approprié. ⇒ Cryptophonie.❖CONTR. Décryptage.
Encyclopédie Universelle. 2012.